Un peu de lecture fait du bien, même à une scientifique !

Carmilla Millacira Tepes se rendit avec empressement à la bibliothèque. Contrairement à ce que l'on pouvait penser, les scientifiques pouvaient être aussi de fervents lecteurs ! Et Carmilla était une vraie dévoreuse de livres.

Elle entra dans la grande pièce, elle était presque vide : seul un prisonnier et son garde étaient au rayon des bandes dessinées et le bibliothequaire qui tanponnait des piles de livres.

La jeune femme salua ce dernier et s'enfonça dans les rayons. Il y avait tout de même beaucoup de livres pour une prison ! Cela ne lui faciliterait pas le choix ! La jeune femme pouvait passer des heures à lire des résumés, choisir des livres et ressortait des bibliothèques, avec au moins quatre livres ! Elle trouva le rayon "Littérature russe". Carmilla sourit en coin, ce genre de livres étaient les plus déprimants : ses préférés !
La scientifique en choisit un, au hasard, tout livre russe pouvait lui plaire !

Il s'agissait de "La Guerre et la Paix", le tome I, le plus petit, il faisait seulement six cent pages. Elle s'assit à une table, au fond, là où personne ne pourrait la déranger... Elle le pensait, jusqu'à que des bruits de pas se fassent entendre dans la rangée où elle était.
Carmilla releva la tête : c'était un jeune homme, assez grand qui semblait regarder les livres, un peu au hasard. La scientifique ne lui prêta pas attention et se replongea dans les malheurs de la famille Bolckonski.
Mais soudain, quelqu'un s'assit devant elle, en raclant la chaise, faisant un bruit d'enfer. Carmilla leva vivement la tête vers l'inconnu.

La bibliothèque de l'île d'exil était sans conteste la plus grande que Side ait jamais vue. Il faut quand même avouer qu'il s'agissait aussi d'une des rares dans lesquelles il ait mis les pieds. En l'occurence, l'éventail d'activités possibles étant tout de même assez restreint, c'est sa curiosité qui le poussa, par ce morne après-midi à traîner dans les couloirs, à aller se cultiver un peu. Ou au moins, à regarder défiler les livres.
Cette dernière option se révéla passionante et le rouquin, tout inculte qu'il était, s'y livra sans regret. Son errance sans but et sans arrêt parmi les colonnes de bouquins qui s'offraient à lui finit par le mener du côté de la littérature russe. Side ne se doutait même pas que les russes avaient autant écrit. Alors qu'il parvenait vers le milieu de la rangée, son pied butta contre le pied d'une chaise, ce qui lui fit détourner la tête du côté de l'allée centrale. Il tomba sur une chevelure très noire, cascadant sur la tête de sa propriétaire, dont le visage caché ne pouvait montrer l'expression, mais qu'on devinait aisément passionée par sa lecture.
Bien évidemment, le côté bien collant et lourd du jeune homme ne pouvait laisser passer cette occasion en or... Il recula la chaise dans un grand fracas, car n'ayant pas soulevé les pieds de celle-ci du sol. Alors que la jeune inconnue relevait soudainement la tête pour lui jeter un bref coup d'oeil, il tenta un grand sourire en mode freedent. Mais le regard de la jeune femme avait quelque chose de... glacial. En fait, meurtrier.
Side s'assit quand même et se cala confortablement dans la chaise, croisant les bras et étalant ses grandes jambes sous la table. Il ne prêtait volontairement aucune attention à la réaction très froide de la jeune fille, partant du principe qu'elle ne le voyait pour l'instant que comme un nuisible dérangeant sa lecture, pas encore comme... hm, eh bien, comme lui (ce qui, à la réflexion, n'était peut-être pas vraiment plus encourageant...).

"Salut jeune fille ! Tu fais partie du personnel -puisqu'aucun garde ne t'accompagne...? Aw, tu lis le russe ? Enfin, le russe traduit. Les bouquins russes, quoi. Tolstoï ? Hmm... Waaw, il était motivé le gars ! Tant de pages ?... Et un premier tome, en plus ? Arf, toi aussi t'es motivée dis donc... Eh au fait, moi c'est Side. Thender. Et toi, miss grands-bouquins-russes, t'as bien un p'tit nom ?"

Carmilla Millacira jeta un regard glacial au jeune homme qui venait juste de s'asseoir devant elle, la dérangeant à un moment crucial, celui où un des personnages principaux entrait en scène. Il ne sembla point en être gêné et s'installa confortablement devant elle.
La jeune scientifique fut cependant déconcertée quand elle vit qu'il répondait à son regard par un grand sourire. Elle commença à rougir mais se cacha tout de suite derrière son livre assez volumineux pour faire disparaître totalement son visage.

* Qu'est-ce qu'il veut lui ? Zut, je vais passer pour une idiote derrière mon bouquin comme ça !*

Carmy jeta un petit regard hésitant derrière son bouquin quand elle fut à nouveau maîtresse d'elle-même. Voyant qu'il ne disait rien pour l'instant, elle se replongea dans son livre.

* Peut-être est-il en train de choisir sa future lecture après tout ?*

Elle lut une petite vingtaine de pages, sans pouvoir se concentrer totalement sur le reste de la récepetion chez la vieille dame où Natacha, la jeune fille pure allait tomber amoureuse du grand général impassible et déjà marié : le début de la fin, en gros !
Le jeune homme prit enfin la parole. Elle l'attendait, sans trop l'attendre, en réalité.

- Exact, je suis une scientifique. Je viens d'arriver. Et vous ? Vous ne semblez pas non plus être un prisonnier, sinon, on ne vous permettrez pas de vous balader ainsi...

Carmilla remit une mèche de cheveux derrière son oreille : elle détestait être décoiffée, cela la perturbait quand elle lisait.

- A l'époque de Tolstoï, les nobles avaient leur journées devant eux, ce qui leur permettaient de faire des oeuvre, comme le livre que je tiens entre les mains. A présent, c'est dommage que tous les être humains soient réduits à voir leur temps libre consacré au travail... Les temps des belles oeuvres et révolu, malheureusement...

* Je vais peut-être l'ennuyer avec tout ça, non ? Changeons de sujet de conversation, vite, sinon, je vais parler dans le vide pendant des heures*

- Eh bien enchantée, Monsieur Thender, je suis Carmilla Millacira Tepes. Enfin, vous pouvez m'appeler toujours m'appeler Carmilla, c'est plus court.

Elle lui tendit sa main, afin que, comme tout gentleman civilisé, il lui fasse le baise-main.

* Zut, il va peut-être pas comprendre...*

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